Les Mariages d'enfants



C’est le jour de la rentrée des classes. Tous les élèves sont dans la cour de l’école en train de jouer. Dieynaba cherche les nouvelles de sa copine Aminata, absente.

Personnages : Dieynaba, Fanta, Astou et Khady  (durée : 03 minutes)

Dieynaba : Bonjour chères camarades ! Je suis contente de vous retrouver, après de si longues vacances ! N’avez-vous pas vu Aminata ce matin ?
Fanta : Demandons à Astou qui est sa voisine ! Elles habitent dans le même quartier.
Astou : Eh ! Aminata a abandonné l’école. Elle est devenue « femme au foyer ».
Dieynaba : Elle a abandonné l’école ? Non, je ne comprends pas Astou!
Astou : Oui, c’est bien cela. Elle a abandonné l’école.
Dieynaba : Et pourquoi ? Elle qui s’était toujours classée première depuis la classe de CI jusqu’en classe de CM1 !
Khady : Tout le monde disait même qu’elle allait obtenir le CFEE et l’Entrée en sixième sans difficulté, cette année, tellement elle était brillante.
Fanta : Oui. Elle était brillante. Le maître Monsieur Camara et le Directeur de l’école l’estimaient beaucoup et étaient très contents de ses résultats scolaires.
Dieynaba : Mais que s’est-il passé Astou ? Dis-moi s’il te plait !
Astou : Au début des grandes vacances, son père l’a donné en mariage à son riche cousin. Je ne connais pas l’âge exact de son mari, mais il semble plus âgé que son père.
Dieynaba : Et comme ça, il a mis fin à ses études ! Mais elle n’a que 12 ans, la pauvre !
Astou : Elle ne voulait pas de ce mariage. Mais personne chez elle, pas même sa mère, ne voulait entendre ses supplications (prières faites avec insistance) et ses pleurs.
Fanta : Et pourquoi ?
Astou : Son mari est un riche commerçant qui s’occupe de toutes les dépenses de sa famille.
Dieynaba : Mais elle aurait pu continuer ses études quand même!
Astou : Non Dieynaba. Ce n’est pas possible. Imagine-toi qu’elle vit avec son mari, ses deux femmes, ses sept enfants et sa belle – mère dans la même maison. Et c’est elle qui s’occupe de tous les travaux domestiques de la maison. Elle est actuellement tombée enceinte. Elle était restée pendant un mois sans pouvoir marcher et avait besoin de gens pour l’aider. Les médecins ont dit à son mari qu’elle est trop jeune et trop petite pour avoir un enfant.
Khady : Je pense que notre maître Monsieur Camara et le Directeur ne sont pas au courant. Et si on allait les informer !
Dieynaba : Tiens, c’est une bonne idée ! Allons-y ! Commentateur (durée : 10 secondes) Informés, Monsieur Camara et le Directeur sont très surpris par cette nouvelle.

Personnages : M Camara, le Directeur, Astou, Fanta, Dieynaba, Khady  (durée : 03 minutes)

M Camara : Et pourtant, Aminata a toujours rêvé de devenir un grand professeur de mathématiques à l’université ! Le Directeur : Et oui ! Toute la communauté avait beaucoup d’espoir en elle !
Dieynaba : Monsieur, pourquoi les parents acceptent-ils de marier leurs filles très jeunes ? M Camara : Les raisons ne sont pas les mêmes dans toutes les sociétés. Mais généralement, la pratique trouve son origine dans les inégalités de genre et les croyances selon lesquelles les filles et les femmes sont inférieures aux garçons et aux hommes. C’est souvent pour des raisons de pauvreté, de manque d’éducation et d’insécurité que beaucoup de parents marient leurs filles très jeunes.
Le Directeur : Pour d’autres parents, il s’agit de pratiques traditionnelles. Les parents marient leurs filles bien avant qu’elles ne soient majeures afin d’éviter qu’elles ne tombent enceinte et ne puissent plus être mariées. L’honneur d’une famille passe par la préservation de la virginité. Aussi, certaines sociétés ne croient toujours pas à l’importance des études pour l’avenir de la fille.
Khady : Mais dans ce cas, c’est une violence faite aux filles !
M Camara : Oui, c’est bien une violence basée sur le genre. Le mariage d’enfant maintient la fille dans une situation de dépendance vis-à-vis de l’homme et ne lui permet pas de sortir de la pauvreté.
Astou : Aminata est tombée enceinte et les médecins ont dit à son mari qu’elle est trop jeune et trop petite pour avoir un enfant. Que veulent dire les médecins par-là ?
Le Directeur : Ils veulent dire qu’il y a des risques pour la santé de Aminata. En effet, les grossesses précoces représentent une des premières causes de décès chez les adolescentes. C’est une des raisons que le mariage d’enfants est interdit par la loi.
Khady : Pourquoi les parents continuent-ils de donner leurs enfants en mariage alors que c’est interdit par la loi ? Le Directeur : Oui, c’est parce que souvent la loi n’est pas appliquée dans toute sa rigueur et beaucoup de parents l’ignorent. Les sanctions ou punitions sont très rares ; ce qui explique que cette violation de la loi est devenue aujourd’hui très fréquente De plus, ces cas de mariages d’enfants ne sont pas dénoncés. Fanta: Que faut-il faire dans ce cas ? Comment peut-on prévenir les mariages précoces ?
Le Directeur: Dans ce cas, je pense qu’on doit : · Sensibiliser et éduquer les populations sur les droits de la personne et ceux de l'enfant ; · Renforcer le dialogue pour une prise de conscience sur les conséquences de cette pratique sur les enfants et sur la communauté ; · Encourager les communautés à dénoncer les cas où les tentatives de mariages d’enfants ou à les signaler aux services de protection de l’enfance.
Khady : Comment est-il possible d’assister les victimes de mariages d’enfants ?
M Camara : Les victimes peuvent être prises en charge par des spécialistes qui les mettant en confiance et leurs donnent des soins appropriés. Elles peuvent être orientées vers les inspections médicales des écoles, les centres de santé, les centres Conseil Adolescent (CCA), les services de l’action éducative en milieu ouvert (AEMO), les associations de bien-être familial, ….

Lutte et prévention des violences basées sur le genre, la déperdition scolaire et les grossesses précoces chez les enfants en milieux scolaire(classe de CM 1 et CM 2) dans la banlieue dakaroise et la région de Kolda.

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